La fête de Pâques, habituellement, c’est une réunion de famille, la lumière printanière, les œufs en chocolat qu’on cache dans le jardin… et bien sûr et avant tout, c’est la grande joie liturgique de la Vigile ou du jour de Pâques, l’Alléluia qui retentit enfin après 40 jours de carême…
Cette année, pas de réunion de famille, sauf pour celles qui sont déjà confinées ensemble. Pas de joyeuse liturgie à l’église, et pour beaucoup, pas d’œufs à chercher dans le jardin…
Mais aussi une certaine inquiétude concrète pour tel membre de votre famille ou tel ami isolé, ou malade et qu’on ne peut pas visiter. Et plus largement, l’inquiétude sourde que nous vivons tous en pensant à cette pandémie, à son sens, à ses conséquences, à la difficulté de faire des projets…
Alors, est-ce que la décence m’interdit de vous souhaiter une joyeuse fête de Pâques ? Non, bien-sûr, au contraire ! Je le fais volontiers : Joyeuses Pâques, le Christ est ressuscité, Alléluia ! il est vraiment ressuscité !
Les conditions dans lesquelles nous vivons cette fête de Pâques nous obligent à nous réjouir pour l’exact motif de ce que nous célébrons. Pâques, ce n’est pas l’éternel retour du printemps, des feuilles aux arbres et la nature qui explose !
Pâques, c’est un acte de foi en la puissance de l’Amour de Père qui a ressuscité Jésus d’entre les morts. C’est cet événement sans lequel le monde ne serait pas le même. Sans la Résurrection, Jésus serait un prophète tombé depuis longtemps dans l’oubli et le Joyeux Message que l’Église porte au monde depuis 20 siècles, serait sans objet. Et nous n’aurions pas au cœur, malgré les tribulations de l’épidémie du Coronavirus, cette invincible Espérance que la victoire du Christ est aussi la nôtre.
Cela ne signifie pas que tout est facile, mais qu’il y a, comme dit Ricoeur, un « surplus de sens sur le non-sens ». Que rien n’est définitivement perdu.
Peut-être qu’en cette Semaine Sainte unique dans la longue histoire de l’Église, il nous est donné de goûter cette joie de Pâques de manière nouvelle, plus intérieure, plus profonde. En tout cas, Pâques nous dit que nous ne sommes pas des êtres pour la mort. Nous sommes des êtres pour la vie. La vie éternelle. Et cette vie éternelle est déjà commencée. Elle est une vie pour les autres ! C’est vrai et c’est beau, en toutes circonstances. Joyeuses Pâques ! Alléluia !
† Pierre-Antoine Bozo
Évêque de Limoges