Les normes pour la formation suivent des orientations rassemblées dans la ratio institutionis diaconalis française et approuvées par Rome en l’année 2000. Le but de cette ratio est d’établir des principes et d’offrir des orientations normatives unificatrices pour la formation initiale et continue des diacres permanents.
Ce document, écrit par Mgr Hippolyte Simon ancien évêque de Clermont-Ferrand, décrit assez bien les objectifs de cette formation :
- Pour progresser humainement
- Pour progresser spirituellement
- Pour progresser dans l’intelligence de la foi
- Pour développer des compétences pastorales et liturgiques
Sur cette base, les provinces ecclésiastiques (la formation se déroule bien souvent à l’échelle de la province faute de suffisamment de candidatures à l’échelle diocésaine) ont élaboré des programmes de formation, généralement étalés sur 6 ans, dont 4 de formation fondamentale et 2 de formation complémentaire (orientées vers la pastorale).
Généralement le programme est sensiblement le même, d’un endroit à l’autre pour les 4 premières années avec des enseignements philosophiques, théologiques, moraux, historiques, des spiritualités et d’exégèse.
Cependant la mise en œuvre peut varier, et mon expérience basée sur les formations développées par la province de Clermont-Ferrand d’une part, et l’inter provinces de Bordeaux et Poitiers (soit l’échelle géographique de la Nouvelle-Aquitaine) d’autre part, montre des adaptations différentes.
Pour ce qui est de la province de Clermont-Ferrand, avec des candidats provenant des 4 diocèses de la province plus ceux associés qu’étaient St Etienne et Limoges, l’archevêque de Clermont a délégué l’organisation à une commission collégiale composée des délégués diocésains au diaconat de chaque diocèse. Les intervenants sont souvent choisis parmi les enseignants de l’ITA (Institut Théologique d’Auvergne) ou de l’UCL (Université Catholique de Lyon). Ils proviennent du clergé ou de la société civile (par exemple des protestants, des personnes ayant une connaissance du monde musulman…..). On sent une formation plus axée doctrine sociale de l’Église.
Pour ce qui est de l’inter provinces de Bordeaux et Poitiers, le fonctionnement est différent. Les évêques ont confié l’organisation à l’un des leurs, Mgr Bestion évêque de Tulle qui a demandé à l’ancien directeur de séminaire de Bayonne le Père Beita d’en prendre la direction, et le Père Beita travaille avec 2 diacres et leurs épouses pour l’organisation au quotidien. Ce fonctionnement est donc plus pyramidal. Le contenu de la formation est proposé par le Père Beita et validé par Mgr Bestion. La formation est souvent assurée par des dominicains de Toulouse. Elle est plus axée connaissances intellectuelles et liturgie.
Pour bien faire, ce n’est que mon humble avis, l’enjeu de la formation devrait suivre ce qui est écrit par Mgr Dollmann dans la revue DA de mars 2023. D’abord trouver des candidats qui ont l’amour du Christ serviteur. Leur prière, animée par le souci de la Charité du Christ dans l’Église et le monde, constitue un aspect fondamental de leur ministère. Il faut d’abord penser consécration, avant de penser mission. Ainsi le ministère du diacre va irriguer sa vie familiale et professionnelle, autrement dit se déployer dans des lieux ordinaires, avec une attention particulière aux pauvres et aux petits. Si le Diacre a sa place dans la liturgie, il est là surtout pour rappeler cette attention.
Quand on appelle des candidats au diaconat, c’est pour leur permettre de rentrer plus profondément dans la compréhension d’une église diocésaine et donc dans la diversité de ses composantes. La formation doit s’attacher à mélanger les diverses origines sociales, géographiques pour adapter un contenu. Entre les we de formation, il est offert aux candidats une relecture avec le prêtre accompagnateur. C’est un lieu propice à la révision de vie.
Dans la continuité de cette formation, les fraternités sont le lieu privilégié pour poursuivre cette compréhension de la diversité des milieux et relire ensemble le ministère de chacun. L’Église a à cœur de rester un lieu ouvert à toutes les origines sans aucun corporatisme. A nous d’aider chacun à s’y sentir accueilli. Les fraternités spirituelles et diocésaines doivent s’enrichir mutuellement.
Pour ce qui est de la formation continue, une partie peut être suivie avec celle proposée pour les prêtres à laquelle nous sommes généralement invités dans notre diocèse, une autre pourrait peut-être se construire à l’échelle de plusieurs diocèses afin d’avoir un nombre suffisant de participants.
Pour les épouses, il y a grand intérêt à suivre toutes les formations, initiales et continues avec leur mari. Il s’agit toujours de progresser ensemble pour un échange plus profond, plus diversifié, plus éclairé. On peut proposer quelques rencontres entre épouses dans le seul but d’échanger sur ce qui fait la spécificité de notre vie : accompagner au mieux notre mari qui est devenu membre du clergé et veiller à l’équilibre de son ministère partagé entre l’appartenance au clergé et à la société civile.
Selon Mgr Dollmann, « En vivant son ministère dans cette attention, le diacre permet ainsi à toute l’Église de demeurer dans la fidélité du Christ et la joie de l’Évangile ».
Louis-Marie Cailleau, diacre permanent et Délégué Diocésain au Diaconat pour le diocèse de Limoges.