Amoris laetitia – L’amour dans le mariage – Notre amour quotidien – L’amour excuse tout
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Amoris laetitia – L’amour dans le mariage – Notre amour quotidien – L’amour excuse tout

Famille

Publié le 24 avril 2020

111. La liste est complétée par quatre expressions qui parlent d’une totalité : ‘‘tout’’ ; excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. Ainsi est mis en évidence avec force le dynamisme propre à la contre-culture de l’amour, capable de faire face à tout ce qui peut le menacer.

112. En premier lieu, il est dit que l’amour ‘‘excuse tout’’ (panta stégei). Cela est différent de « ne tient pas compte du mal », parce que ce terme a un rapport avec l’usage de la langue ; il peut signifier ‘‘garder le silence’’ sur le mal qu’il peut y avoir dans une autre personne. Cela implique de limiter le jugement, contenir le penchant à lancer une condamnation dure et implacable : « ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés » (Lc 6, 37). Bien que cela aille à l’encontre de notre usage habituel de la langue, la Parole de Dieu nous demande : « Ne médisez pas les uns des autres » (Jc 4, 11). Éviter de porter atteinte à l’image de l’autre est une manière de renforcer la sienne propre, de se vider des rancœurs et des envies sans tenir compte de l’importance du dommage que nous causons. Souvent on oublie que la diffamation peut être un grand péché, une sérieuse offense à Dieu, lorsqu’elle touche gravement la bonne réputation des autres, leur causant des torts difficiles à réparer. C’est pourquoi la Parole de Dieu est si dure contre la langue, en disant que « c’est le monde du mal » qui « souille tout le corps » (Jc 3, 6), comme « un fléau sans repos, plein d’un venin mortel» (Jc 3, 8). Si « par elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu » (Jc 3, 9), l’amour a souci de l’image des autres, avec une délicatesse qui conduit à préserver même la bonne réputation des ennemis. En défendant la loi divine, on ne doit jamais perdre de vue cette exigence de l’amour.

113. Les époux, qui s’aiment et s’appartiennent, parlent en bien l’un de l’autre, ils essayent de montrer le bon côté du conjoint au-delà de ses faiblesses et de ses erreurs. En tout cas, ils gardent le silence pour ne pas nuire à son image. Cependant ce n’est pas seulement un geste extérieur, mais cela provient d’une attitude intérieure. Ce n’est pas non plus la naïveté de celui qui prétend ne pas voir les difficultés et les points faibles de l’autre, mais la perspicacité de celui qui replace ces faiblesses et ces erreurs dans leur contexte. Il se rappelle que ces défauts ne sont qu’une partie, non la totalité, de l’être de l’autre. Un fait désagréable dans la relation n’est pas la totalité de cette relation. Par conséquent, on peut admettre avec simplicité que nous sommes tous un mélange complexe de lumières et d’ombres. L’autre n’est pas seulement ce qui me dérange. Il est beaucoup plus que cela. Pour la même raison, je n’exige pas que son amour soit parfait pour l’apprécier. Il m’aime comme il est et comme il peut, avec ses limites, mais que son amour soit imparfait ne signifie pas qu’il est faux ou qu’il n’est pas réel. Il est réel, mais limité et terrestre. C’est pourquoi, si je lui en demande trop, il me le fera savoir d’une manière ou d’une autre, puisqu’il ne pourra accepter ni de jouer le rôle d’un être divin, ni d’être au service de toutes mes nécessités. L’amour cohabite avec l’imperfection, il l’excuse, et il sait garder le silence devant les limites de l’être aimé.