Déclaration de Monseigneur Bozo suite au meurtre de Monsieur Samuel Paty
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Déclaration de Monseigneur Bozo suite au meurtre de Monsieur Samuel Paty

Les mots de l'évêque

Publié le 21 octobre 2020

Rien, jamais, ne justifie que l’on porte atteinte à la vie d’autrui. Rien ne peut justifier un meurtre, au nom de quelque cause que ce soit, a fortiori celle de Dieu, dont le nom est alors profondément défiguré, blasphémé, par un tel acte. 

Il est donc superflu de dire que nous condamnons de toutes nos forces l’assassinat de Samuel Paty. C’est un drame humain, familial qui appelle la compassion et la prière. C’est également un geste symbolique clair, les terroristes islamistes ne tuent pas (seulement) au hasard : après avoir assassiné des journalistes, c’est un enseignant qui a été tué sauvagement, pour le même motif, la mise en cause de la liberté d’expression. 

Je veux dire mon soutien et ma communion avec les enseignants de notre diocèse, éprouvés plus fortement encore par ce crime. Soutien, car ils enseignent quelque chose de précieux : la possibilité de bien s’exprimer. C’est le premier remède à la violence, c’est humanisant et c’est une condition de possibilité de la fraternité. Il faut les mots pour la dire. L’école doit rester un lieu d’apprentissage préservé de toute instrumentalisation, un lieu d’apprentissage de la liberté. 

Mais est-il possible également de souhaiter que cette liberté d’expression soit promue dans la perspective du bien commun et de la paix ?  Est-il possible de s’interroger sur une certaine violence dans l’expression, sous forme d’une provocation, qui engendre de la violence en retour ? Les excès appellent des excès. N’est-il pas temps de questionner les dérives auxquelles peuvent conduire toutes les formes de la dérision ? L’esprit critique, l’irrévérence, la liberté d’opinion et d’expression ne sont pas la dérision. Celle-ci est marquée par une forme de non-respect des personnes. Je suis inquiet en lisant qu’il est question de généraliser dans les établissements scolaires la publication des caricatures du prophète de l’Islam, sous prétexte d’éduquer à la liberté d’expression et à l’esprit critique. Est-ce vraiment une pédagogie convaincante ? Pour lutter contre d’autres discriminations, liées à l’orientation sexuelle, les gouvernants parlent de sanctionner les moqueries et les insultes. Comment concilier ces deux approches ? Il y a là, pour le moins, matière à réflexion. 

Il faut que justice soit faite. Mais, pour leur part, les disciples du Christ sont invités à ne jamais répondre au mal par le mal. Que le Seigneur nous donne les mots et les attitudes qui feront de nous des artisans de paix, quel que soit le prix à payer. « Heureux les artisans de Paix, ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9). 

+ Pierre-Antoine Bozo

Évêque de Limoges