Homélie du Dimanche des Rameaux
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Homélie du Dimanche des Rameaux

Les mots de l'évêque

Publié le 11 avril 2020

Cathédrale Saint-Étienne de Limoges – 5 mars 2020

Dans la chapelle de l’ancien évêché, juste à côté de cette cathédrale, sont exposées huit toiles de Maurice Denis, un merveilleux peintre du début XX°. Elles figurent les huit Béatitudes. Pour « Heureux les artisans de Paix », l’artiste a représenté la scène du premier Évangile, l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem.

Sur cette peinture lumineuse, figurent, à la suite de Jésus, humble et pauvre roi juché sur son âne, une foule d’enfants et de vieillards, de religieux et d’évêques… bref, de vous et moi. Une foule contemporaine. Nous aurions bien aimé, en ce dimanche, acclamer Jésus comme Roi, roi de Paix. 

Mais il n’y a pas de foule. Nous sommes une petite poignée dans la Cathédrale. La foule est restée confinée chez elle par la force d’un virus. Pourtant, il en faut plus pour empêcher les chrétiens de louer leur Seigneur ! Notre louange au Christ Sauveur est plus forte que le Covid 19 ! Cette situation inédite et inconfortable, tragique pour certains, ne nous empêche pas d’acclamer Jésus. Elle nous permet également de vivre cette Semaine Sainte en communion plus étroite avec tant de chrétiens qui n’ont pas le droit de se rassembler pour prier, non pas à cause d’un virus mais à cause d’autres hommes. 

Donc, vous n’êtes pas dans la cathédrale, mais sommes une foule. Une foule, c’est beau, ça signifie l’unité. Mais aussi, ça se retourne facilement, c’est versatile. Les mêmes qui ont crié « Hosanna au Fils de David » ! dans le premier Evangile crieront peut-être « crucifie-le », lors de la Passion.

La foule est inconstante parce que nos cœurs sont inconstants. Tour à tour, par notre vie nous chantons la louange de Dieu et ensuite, par notre vie, nous faisons porter à Jésus le poids de nos péchés, nous le crucifions. Aucun de nous n’est indemne du mal, du péché. Pas même Pilate, qui se lave les mains et se dit « innocent du sang de cet homme ». Nous qui nous lavons si souvent les mains en ce moment, nous ne sommes pas innocents du sang de Jésus. Le péché n’est pas seulement chez les autres, il n’est pas dissous dans une sorte de responsabilité anonyme comme il semble dans le procès de Jésus. Le péché est en chacun de nous.

Alors, nous venons ce matin, adorer Celui qui nous en délivre. Nous le suivrons sur le chemin toute cette Semaine Sainte. Et puisque nous sommes contraints à « demeurer », essayons davantage de contempler et d’intérioriser ce mystère de la Croix pour mieux accueillir la joie du matin de Pâques.

En ces temps où la souffrance se fait peut-être plus vive pour certains de nous, écoutons ce que dit saint Jean-Paul II dans sa belle encyclique Salvifici Doloris, sur la souffrance : « La croix est le moyen le plus profond pour la divinité de se pencher sur l’homme (…). La Croix est comme un toucher de l’amour éternel sur les blessures les plus douloureuses de l’existence terrestre de l’homme ». 

Tout ce que Jésus touche est sauvé, guéri. Offrons-nous à Lui sans réserve, laissons-le rejoindre ces lieux blessés de nos vies, de nos mémoires, de nos psychismes, de nos corps et aussi de notre corps social, ecclésial. Que nos rameaux en soient le rappel plein d’Espérance. 

Amen

† Pierre-Antoine Bozo

Évêque de Limoges