« On ne va pas arrêter c’est impossible… on ne va pas les abandonner, on continue les maraudes… peut-on être utile à d’autres actions ? »… telles furent les réactions immédiates des bénévoles de l’Ordre de Malte à l’annonce du confinement, l’engagement sans faille.
S’il fallut malheureusement se conformer à l’avis des autorités et fermer le dispensaire jusqu’à la fin du confinement, les maraudes du samedi et dimanche n’ont jamais cessé. Seuls les horaires ont été adaptés afin de servir un maximum de personnes. Pour les plus démunis, confinement signifie précarisation accrue. Leur (sur)vie quotidienne est devenue plus difficile : mendicité réduite à la portion congrue, naissance de conflits devant les rares commerces ouverts. « Avant », certaines personnes venaient juste prendre un café et discuter, aujourd’hui chacun demande de la nourriture. La Banque Alimentaire nous permet de satisfaire cette demande.
Les conflits entre personnes vivant sous un même toit (de fortune souvent) conduisent à des « mises à la rue », mais nos demandes de relogement en hôtel quand elles aboutissent ne sont que temporaires. Le contrôle des déplacements nous fait perdre le lien avec certaines personnes et nous pr.occupe car nous les savons fragiles. Alors prions, non pas pour les « pauvres » et les « plus démunis » , mais pour Marie, Marketa, Fabienne, Johanna, Benoit, Ruiz, Bob, Fabien, Roland, Jan, Didier, Damian, David, Sylvain… et Gérard décédé le 18 février.
Alain Bourion – propos recueillis par Le Sillon (mai 2020 – n°827)