Le Père Patrice Pauliat est décédé le 17 novembre 2021.
Il fut notamment Délégué Diocésain à la Pastorale de la Santé, posant les fondations de cette pastorale.
Il a mis en route de nombreux laïcs; et ils étaient nombreux, présents, émus et reconnaissants lors de ses obsèques célébrées à Solignac le 22 novembre. Nombreux à vouloir rendre grâce pour ce qu’il a été, ce qu’il a donné, ce qu’il a transmis.
Jean-Noël Luguet, aumônier au Centre de Gérontologie Chastaingt, nous donne son témoignage.
« Ceux et celles qui l’ont connu le Père Patrice Pauliat gardent le souvenir d’un humaniste très à l’écoute, avec un don particulier pour accompagner le malade dans sa démarche spirituelle.
Patrice a beaucoup œuvré dans le diocèse pour mettre en place la Pastorale Santé et les équipes d’aumônerie.
Il nous laisse aujourd’hui un merveilleux trésor dans le domaine de la formation.
A bien des reprises, il a su nous faire profiter de ses réflexions théologiques, pastorales, éthiques. Il savait toujours éclairer une réflexion ou une décision à la lumière de l’Evangile.
Nous nous souvenons de la manière dont Patrice célébrait l’eucharistie; il nous faisait entrer en profondeur dans ce mystère pascal.
Depuis la cité céleste, Patrice ne manquera pas de continuer à éclairer notre réflexion, notre discernement pour que nous assurions notre mission avec pertinence.
Rendons grâce au Seigneur d’avoir mis sur notre chemin le Père Patrice Pauliat et pour tout ce que nous avons reçu de lui. »
Nous reproduisons ici un extrait d’une formation que le Père Patrice Pauliat avait donné aux acteurs de la Pastorale Santé sur le thème :
« la conscience, reconnaissance d’une dignité humaine et naissance d’une relation humanisante »
Quant à la conscience chrétienne, il faut insister sur le fait qu’elle s’enracine d’abord dans tout ce qui appartient à l’humain… Je ne le répéterai jamais assez : le chrétien, sous le prétexte qu’il reçoit de son Seigneur une Parole qui est Révélation et une gratuité d’intelligence et d’amour qu’il nomme « la grâce », n’est pas un sur-homme dispensé du naturel humain appartenant à tous, au profit d’un surnaturel divin qui serait le propre du croyant. La conscience chrétienne est d’abord une conscience humaine que l’homme ou la femme en nous doit développer, c’est-à-dire humaniser, en priorité. Ainsi, tout ce que nous avons découvert de la construction, de l’édification de sa propre conscience est à situer dans le champ de l’humanité, autant incroyante que croyante, et s’applique à tous, et à nous aussi. Une tentation menace sans cesse le chrétien, particulièrement dans l’accompagnement spirituel des souffrants (en Aumônerie Hospitalière ou dans le Service Evangélique des Malades) : il a spontanément recours aux données de la foi, avant même d’avoir écouté, réfléchi, assaini l’humanité même du patient, c’est-à-dire sa personne, son histoire, ses désirs, ses angoisses…
Or cette « humanitude » qui fonde l’humain de tous les humains a été aussi créée par Dieu : elle lui appartient, Il l’habite, Il l’aime. Sans quoi quel sens aurait la Création rapportée par la Genèse ? Quel sens encore aurait Jésus, Fils de Dieu, devenu homme en totale humanité, pour partager ce que nous sommes tous, croyants, incroyants, pécheurs et saints ? Cette humanité, de chair et de sang, a trop longtemps été méprisée, ou du moins traitée comme une réalité provisoire et secondaire face à ce qu’on a considéré faussement comme du « spirituel », qui lui au moins nous rapprochait du divin. Or, dans l’Evangile, que dit le Seigneur à l’Apôtre Philippe qui exige : « Montre nous le Père et cela nous suffit » ? Il lui répond : « Philippe, voilà si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas encore : qui m’a vu, a vu le Père » (Jn14, 9)”. Autrement dit, non seulement notre « simple » humanité est d’un grand prix, mais c’est elle, et elle seule, qui à travers la perfection qu’elle incarne en Jésus, révèle Dieu, dit qui est Dieu, qui nous sommes et ce que nous devons devenir sous son regard. De ce fait, prenons bien « conscience », en effet, que l’évangélisation ne se fera pas sans une prise en compte de l’homme tel qu’il est et que Dieu ne divinisera que ce que nous aurons nous-mêmes humanisé, au mieux, « en conscience ».
L’intégralité de cette formation est disponible à partir du lien ci-dessous: